Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions
La période du confinement lié à l’épidémie de Covid-19 de mi-mars à mi-mai 2020 a entraîné une forte baisse de l’activité, principalement du fait de la durée travaillée des personnes en emploi. Pendant cette période, le nombre d’heures travaillées par personne a ainsi reculé de 34 % par rapport à l’année passée.
Cinq situations d’emploi se sont dessinées pendant le confinement. La durée travaillée a moins reculé pour les professions mobilisées du fait de la situation sanitaire et du confinement (9 % des emplois, principalement dans la santé et le commerce) et pour celles ayant pu massivement recourir au télétravail (17 % des emplois, majoritairement des cadres).
Dans d’autres professions, notamment dans les services administratifs, le travail à domicile s’est fortement développé, limitant la chute de l’activité (26 % des emplois).
À l’inverse, le volume d’heures s’est effondré pour des professions où les possibilités de travail à domicile étaient limitées (assistantes maternelles, conducteurs routiers…, 26 % des emplois) ou dont l’activité s’est brusquement arrêtée avec le confinement (vendeurs spécialisés, serveurs…, 19 % des emplois).
- Pendant le confinement, le nombre d’heures travaillées des personnes en emploi a chuté
- Le recul de la durée travaillée est plus marqué pour les employés, les ouvriers et dans l’hébergement et la restauration
- Le travail à domicile a bondi, notamment chez les cadres
- La durée travaillée a le moins baissé pour les professions mobilisées ou celles ayant déjà recours au travail à domicile
- L’essor du travail à domicile a, en partie, limité le recul du volume de travail pour une personne sur quatre
- Le volume de travail a fortement reculé en cas de télétravail impossible ou d'activité à l'arrêt
Pendant le confinement, le nombre d’heures travaillées des personnes en emploi a chuté
Pendant la période du confinement de mi-mars à mi-mai 2020 (sources), chaque semaine, 45 % des personnes qui avaient un emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) n’ont pas travaillé tout ou partie de la semaine, quelle qu’en soit la raison (congés, maladie, chômage partiel ou technique…, figure 1a). C’est trois fois plus qu’à la même période en 2019. Le recours au chômage partiel ou technique explique cette forte hausse : en moyenne, pendant le confinement, près d’un quart des personnes en emploi déclarent ne pas avoir travaillé tout ou partie de la semaine pour cette raison, alors que cette proportion était quasiment nulle un an auparavant (figure 1b). La part des personnes qui déclarent ne pas avoir travaillé pour cause de congés maladie a également augmenté, mais dans une bien moindre mesure (+ 2 points, pour s’établir à 6 %).
Parmi les personnes n’ayant pas travaillé tout ou partie de la semaine, une grande majorité n’a en fait pas travaillé du tout cette semaine-là. Ainsi, en moyenne, chaque semaine du confinement, 37 % des personnes en emploi n’ont pas travaillé du tout de la semaine, contre 11 % au cours de la même période en 2019.
tableauFigure 1a – Situation d’emploi selon le nombre d’heures effectivement travaillées
Période équivalente en 2019 (en %) | Confinement en 2020 (en %) | Évolution entre 2019 et 2020 (en points) | |
---|---|---|---|
A travaillé toute la semaine | 84,1 | 55,0 | -29,1 |
N'a pas travaillé tout ou partie de la semaine | 15,9 | 45,0 | 29,1 |
N’a pas travaillé une partie de la semaine | 4,7 | 8,4 | 3,7 |
N’a pas travaillé du tout de la semaine | 11,2 | 36,6 | 25,4 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | /// |
- /// Absence de résultat due à la nature des choses.
- Note : la période du confinement correspond à la période allant du 16 mars au 10 mai 2020. La période équivalente en 2019 est celle allant du 18 mars au 12 mai 2019.
- Lecture : pendant une semaine moyenne de confinement, parmi les personnes en emploi au sens du BIT, 45 % n’ont pas travaillé tout ou partie de la semaine, dont 37 % n’ont pas travaillé du tout.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquêtes Emploi 2019 et 2020.
graphiqueFigure 1a – Situation d’emploi selon le nombre d’heures effectivement travaillées
Les personnes en emploi ont travaillé en moyenne 21 heures par semaine pendant le confinement, contre 32 heures au cours de la même période en 2019, soit un recul de 34 % (figure 2a). En tenant compte de la baisse de l’emploi, le volume horaire travaillé a reculé de l’ordre de 35 %. Pour les personnes en emploi, le repli de la durée travaillée s’explique avant tout par la forte proportion de personnes n’ayant pas travaillé tout ou partie de la semaine. En effet, la durée de travail des personnes ayant travaillé toute la semaine a peu reculé : ces personnes ont en moyenne travaillé 35 heures pendant le confinement, contre 37 heures en 2019 pendant la même période, soit une diminution de 4 %.
Le recul de la durée travaillée est plus marqué pour les employés, les ouvriers et dans l’hébergement et la restauration
Le recul du volume d’heures travaillées a été plus prononcé dans certains secteurs dont l’activité a été fortement touchée par le confinement. Ainsi, en moyenne, pendant le confinement, le nombre d’heures effectivement travaillées par semaine a reculé de 80 % dans l’hébergement et la restauration, de 64 % dans les arts, spectacles et activités récréatives, de 52 % dans la construction et dans les autres services (services à la personne, coiffure, soins de beauté…), par rapport à la même période un an auparavant (figure 2d). Dans l’agriculture, en revanche, la durée travaillée est d’un niveau presque comparable à 2019 (– 5 %).
Par ailleurs, le repli est plus marqué pour les employés (– 41 %), les ouvriers (– 48 %) ou les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (– 48 %), plus limité pour les cadres (– 17 %, figure 2e).
En moyenne, la durée travaillée a autant baissé pour les femmes et les hommes (figure 2b). Elle a en revanche davantage reculé chez les jeunes, notamment parce qu’ils sont plus fréquemment employés ou ouvriers, ou dans des secteurs à l’arrêt (figure 2c). En l’absence des modes de garde habituels du fait du confinement, l’activité des parents de jeunes enfants a davantage reculé. Ainsi, pour les personnes en couple avec enfants, et encore davantage pour les familles monoparentales, la durée travaillée a plus baissé quand le plus jeune enfant avait moins de trois ans. Pour les couples, la baisse est de 38 % quand ils ont au moins un enfant de moins de 3 ans, contre 33 % sinon ; pour les familles monoparentales, la baisse est de 60 % quand elles ont au moins un enfant de moins de 3 ans, contre 36 % sinon.
tableauFigure 2a – Nombre d’heures effectivement travaillées en moyenne par semaine, selon la situation d’emploi
Période équivalente en 2019 (en heures) | Confinement en 2020 (en heures) | Évolution entre 2019 et 2020 (en %) | |
---|---|---|---|
A travaillé toute la semaine | 36,6 | 35,0 | -4,2 |
N’a pas travaillé tout ou partie de la semaine | 7,4 | 3,7 | -49,8 |
Ensemble | 31,9 | 21,0 | -34,4 |
- Note : la période du confinement correspond à la période allant du 16 mars au 10 mai 2020. La période équivalente en 2019 est celle allant du 18 mars au 12 mai 2019.
- Lecture : en 2020, en moyenne chaque semaine pendant le confinement, les personnes en emploi ont travaillé en moyenne 21,0 heures par semaine.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquêtes Emploi 2019 et 2020.
graphiqueFigure 2a – Nombre d’heures effectivement travaillées en moyenne par semaine, selon la situation d’emploi
Le travail à domicile a bondi, notamment chez les cadres
Pendant le confinement, parmi les personnes qui ont travaillé au moins une heure pendant la semaine, près d’une sur deux (47 %) a travaillé à son domicile au cours des quatre dernières semaines, soit deux fois plus qu’en 2019 (figure 3a). Par ailleurs, l’intensité du travail à domicile s’est accrue : pendant le confinement, 80 % des personnes ayant travaillé à leur domicile l’ont fait pour au moins la moitié de leurs heures de travail ; en 2019, 30 % des personnes étaient dans ce cas.
L’essor du travail à domicile est toutefois inégal selon les professions et les secteurs d’activité. Ainsi, pendant le confinement, pour ceux qui ont travaillé, le travail à domicile a été très majoritaire pour les cadres (81 %), et, dans une moindre mesure, pour les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (60 %), ou dans les secteurs de l’enseignement (81 %) et des services aux entreprises (71 %, figure 3c). À l’inverse, une très faible part d’ouvriers (4 %) ou d’employés non qualifiés (18 %) qui ont travaillé pendant le confinement l’ont fait depuis leur domicile (figure 3d).
Globalement, le recours au travail à domicile s’est accru pour les cadres et les personnes très diplômées, pour lesquels il était déjà plus développé avant le confinement. Les employés qualifiés font toutefois exception : le travail à domicile a concerné 38 % d’entre eux pendant le confinement, contre 5 % seulement en 2019 au cours de la même période. Enfin, le travail à domicile a été, toutes choses égales par ailleurs, plus fréquent dans l’agglomération parisienne pendant le confinement, contrairement à ce qui était observé en 2019.
tableauFigure 3a – Travail à domicile* selon le sexe
Période équivalente en 2019 (en %) | Confinement en 2020 (en %) | Évolution entre 2019 et 2020 (en points) | |
---|---|---|---|
Femmes | 22,7 | 51,5 | 28,9 |
Hommes | 22,4 | 43,2 | 20,8 |
Ensemble | 22,5 | 47,2 | 24,7 |
- * Au moins une fois au cours des quatre dernières semaines, qu’il s’agisse ou non de leur lieu de travail habituel, que ce soit ou non dans le cadre du télétravail.
- Note : la période du confinement correspond à la période allant du 16 mars au 10 mai 2020. La période équivalente en 2019 est celle allant du 18 mars au 12 mai 2019.
- Lecture : en 2020, en moyenne chaque semaine pendant le confinement, 47 % des personnes en emploi au sens du BIT et ayant travaillé au moins une heure pendant la semaine ont travaillé au moins une fois à leur domicile au cours des quatre semaines précédentes.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes ayant travaillé au moins une heure dans la semaine.
- Source : Insee, enquêtes Emploi 2019 et 2020.
graphiqueFigure 3a – Travail à domicile* selon le sexe
La durée travaillée a le moins baissé pour les professions mobilisées ou celles ayant déjà recours au travail à domicile
Le fait d’avoir travaillé ou non pendant la semaine, le motif de non-travail (chômage partiel, maladie…), le nombre d’heures travaillées ou encore la fréquence du travail à domicile pendant le confinement et pendant la même période de 2019, permettent de distinguer cinq groupes de professions (figure 4).
Un quart des personnes en emploi exercent une profession où le recul de la durée travaillée a été limité. D’un côté, les professions ayant été en première ligne du fait de la crise sanitaire (infirmiers, aides-soignants, médecins…) ou qui ont assuré la continuité de certaines activités (ouvriers agricoles, vendeurs non spécialisés ou employés de libre service, agents de police...) se caractérisent par un « maintien d’une activité sur site ». Elles représentent environ 9 % de l’emploi total. Leur nombre d’heures travaillées n’a reculé en moyenne que de 6 % par rapport à l’année passée. En outre, parmi celles qui ont travaillé toute la semaine, la part de celles qui ont travaillé 40 heures ou plus est plus élevée qu’en 2019 (35 %, contre 28 %). Le travail à domicile, qui y était peu répandu, a peu progressé pendant le confinement. Il s’agit d’emplois plus fréquemment occupés par des femmes (60 %, contre 48 % des emplois en moyenne). Les cadres y sont sous-représentés (9 %, contre 21 % au total).
D’un autre côté, certaines professions (ingénieurs, professeurs, cadres dirigeants, cadres de la fonction publique par exemple) ont pu contenir la chute des heures travaillées grâce à un « recours généralisé au travail à domicile ». Pour ces professions, le nombre d’heures travaillées n’a baissé que de 12 % et 86 % des personnes ayant effectivement travaillé pendant le confinement ont travaillé à domicile. Le travail à domicile y était déjà une pratique courante avant le confinement, que ce soit sous la forme de télétravail ou en plus du temps passé sur leur lieu de travail : 54 % des personnes occupant ces emplois y avaient recours un an auparavant, soit plus de deux fois plus que l’ensemble des personnes en emploi à cette période. Ce groupe représente 17 % de l’emploi total. Il s’agit majoritairement de cadres (78 %, contre 21 % de l’emploi total). Les salariés de la fonction publique de l’État (29 %, contre 9 % des emplois en moyenne) et les personnes vivant dans l’agglomération parisienne (33 %, contre 19 % en moyenne) y sont surreprésentés.
tableauFigure 4a – Caractéristiques des cinq groupes de professions selon les conditions d’emploi pendant le confinement
Maintien d’une activité sur site | Recours généralisé au travail à domicile | Essor du travail à domicile | Possibilité limitée de télétravail | Activité à l’arrêt | Ensemble des personnes en emploi¹ | |
---|---|---|---|---|---|---|
Part dans l’emploi (en %) | 8,9 | 17,0 | 25,5 | 25,7 | 18,7 | 100,0 |
Durée travaillée par semaine | ||||||
2019 (en heures) | 31,4 | 36,5 | 32,6 | 29,4 | 31,7 | 31,9 |
2020 (en heures) | 29,4 | 32,3 | 22,8 | 17,0 | 10,7 | 21,0 |
Évolution entre 2019 et 2020 (en %) | -6,2 | -11,6 | -30,1 | -42,2 | -66,4 | -34,4 |
Travail à domicile² | ||||||
2019 (en %) | 9,1 | 54,1 | 29,7 | 9,0 | 19,0 | 22,5 |
2020 (en %) | 12,3 | 85,9 | 66,2 | 14,6 | 34,8 | 47,2 |
Évolution entre 2019 et 2020 (en points) | 3,3 | 31,8 | 36,5 | 5,6 | 15,8 | 24,7 |
Caractéristiques en 2020 (en %) | ||||||
Femmes | 59,6 | 46,3 | 52,6 | 47,4 | 40,2 | 47,8 |
Moins de 25 ans | 11,2 | 2,2 | 5,1 | 7,5 | 13,5 | 7,6 |
Immigrés | 5,6 | 8,3 | 7,6 | 13,4 | 13,7 | 10,4 |
Cadres | 9,0 | 77,9 | 25,7 | 0,0 | 3,0 | 21,0 |
Agglomération parisienne | 12,7 | 32,5 | 21,7 | 12,7 | 17,0 | 19,2 |
Statut d’emploi en 2020 (en %) | ||||||
Indépendant | 5,7 | 19,7 | 17,2 | 0,9 | 18,7 | 12,6 |
Salarié du secteur privé | 53,9 | 46,5 | 62,0 | 85,6 | 73,5 | 67,5 |
Salarié de la fonction publique de l’État | 13,7 | 29,0 | 10,2 | 1,0 | 0,8 | 9,1 |
Salarié de la fonction publique territoriale | 5,0 | 4,3 | 8,1 | 10,7 | 6,4 | 7,4 |
Salarié de la fonction publique hospitalière | 21,7 | 0,5 | 2,6 | 1,9 | 0,6 | 3,3 |
- 1. Seules sont retenues dans la typologie les professions concernant au moins 50 000 personnes, soit 95 % de l’emploi total.
- 2. Part des personnes ayant travaillé au moins une fois à domicile au cours des quatre dernières semaines parmi les personnes ayant travaillé.
- Note : la période du confinement correspond à la période allant du 16 mars au 10 mai 2020. La période équivalente en 2019 est celle allant du 18 mars au 12 mai 2019. La typologie s’appuie sur le nombre d’heures effectivement travaillées par semaine, le travail à domicile, la part des personnes n’ayant pas travaillé tout ou partie de la semaine, la part des personnes ayant au moins un jour non travaillé pour chômage partiel, la part des personnes ayant au moins un jour non travaillé pour maladie, en niveau et en évolution entre 2019 et 2020.
- Lecture : en 2020, pendant la période du confinement, 17,0 % des personnes en emploi exercent une profession avec « recours généralisé au travail à domicile ». Elles ont travaillé 32,3 heures par semaine en moyenne pendant cette période.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquêtes Emploi 2019 et 2020.
L’essor du travail à domicile a, en partie, limité le recul du volume de travail pour une personne sur quatre
L’« essor du travail à domicile » a permis à certaines professions – regroupant un quart de l’emploi total – de limiter un peu l’effet du confinement sur la baisse du volume de travail. Le nombre d’heures travaillées y diminue nettement, mais un peu moins qu’en moyenne (– 30 %). Il s’agit souvent de professions de niveau de qualification intermédiaire (agents de catégorie B de la fonction publique, comptables…). Au sein de ces professions, la part du travail à domicile, parmi les personnes ayant travaillé au moins une heure, a atteint 66 % pendant le confinement, soit deux fois plus qu’en 2019 à la même période.
Le volume de travail a fortement reculé en cas de télétravail impossible ou d'activité à l'arrêt
Pour 44 % des personnes en emploi, le nombre d’heures travaillées s’est effondré pendant le confinement, reculant davantage qu’en moyenne. Il s’agit tout d’abord de professions qui offrent une « possibilité limitée de télétravail » : services à la personne, conducteurs, nettoyeurs, magasiniers par exemple. Ces professions regroupent 26 % des emplois. Le nombre d’heures travaillées y a reculé en moyenne de 42 % par rapport à l’année passée. Près d’un tiers des personnes se sont déclarées au chômage technique ou partiel. Pour les personnes qui ont pu travailler, le travail à domicile est resté rare (15 % pendant le confinement, contre 9 % un an avant). Ces emplois sont plus fréquemment exercés par des salariés moins qualifiés ou résidant dans des zones peu urbanisées.
Enfin, certaines professions ont eu quasiment leur « activité à l’arrêt ». Ces métiers (vendeurs spécialisés, serveurs, kinésithérapeutes, moniteurs d’auto-école…) n’ont pas pu s’exercer de façon normale du fait d’une interruption brusque de leur activité dès le début du confinement. Ces professions regroupent 19 % des personnes en emploi. Le volume d’heures travaillées y a chuté de 66 % par rapport à l’année passée, et le recours au chômage partiel y a été très important (45 % des personnes en moyenne chaque semaine pendant le confinement). Par rapport à l’ensemble des emplois, ces professions sont plus fréquemment exercées par des hommes, des jeunes ou des immigrés.
Sources
L’enquête Emploi est la seule source permettant de mesurer le chômage et l’activité au sens du Bureau international du travail (BIT). Elle est menée en continu, sur l’ensemble des semaines de l’année, en France hors Mayotte. Chaque trimestre, environ 100 000 personnes de 15 ans ou plus vivant en ménage ordinaire (c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, prisons, etc.) répondent à l’enquête. Les personnes décrivent leur situation vis-à-vis du marché du travail au cours d’une semaine donnée, dite « de référence ».
La collecte de l'enquête Emploi a été fortement affectée par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Les premières et dernières interrogations, qui se font habituellement en face-à-face, ont dû être réalisées par téléphone. Lors des premières interrogations, pour lesquelles les enquêteurs ne disposaient pas toujours des coordonnées téléphoniques des ménages, cela s’est traduit par une baisse du taux de collecte. L’effet reste toutefois limité, car il ne porte que sur une partie de l’échantillon. Par ailleurs, les redressements habituels permettent d’obtenir des résultats représentatifs de l’ensemble de la population.
Cette enquête est usuellement exploitée à l’échelle trimestrielle ou annuelle. En raison de l’ampleur du choc qu’a connu l’économie, l’enquête est ici exploitée sur les semaines concernées par le confinement, à savoir du 16 mars au 10 mai 2020. Cette période est comparée à la période équivalente un an auparavant, soit celle allant du 18 mars au 12 mai 2019. En 2020 comme en 2019, cette période est marquée par les vacances scolaires de printemps et des jours fériés, ce qui affecte la durée effectivement travaillée.
Dans l’enquête, la personne déclare si elle a effectivement travaillé au moins une heure pendant une semaine donnée, dite de référence, ou si elle a un emploi pour lequel elle n’a pas travaillé pendant cette semaine-là. Dans ce dernier cas, elle déclare pour quel motif principal elle n’a pas travaillé : congés, maladie, maternité/paternité, formation, chômage partiel… Si elle a travaillé au moins une heure, elle indique si elle n’a pas travaillé certains jours de la semaine et en donne le motif. Dans les cas rares (0,4 % des personnes en emploi qui ont été absentes tout ou partie de la semaine) où la personne a travaillé une partie de la semaine avec plusieurs types d’absence (par exemple, une journée de maladie, une journée de congé), le motif est priorisé ici de la façon suivante : chômage partiel, maladie, congés puis autre raison. Les situations de chômage partiel mesurées par l’enquête sont déclaratives et ne correspondent pas forcément à la situation administrative des personnes. La mise en chômage partiel dépendant de démarches de l’employeur, des personnes ont pu se déclarer à tort en congés, notamment au début du confinement. Inversement, des personnes ont pu se déclarer en chômage partiel (ou technique) bien que ne relevant pas à strictement parler du dispositif d’activité partielle, ce motif leur semblant le plus proche de la situation qu’elles vivaient. De même, il est possible que des personnes, notamment celles ayant bénéficié du dispositif de prise en charge des absences par l’assurance maladie, se soient déclarées comme absentes de leur emploi pour cause de congés maladie, sans être effectivement malades. Les personnes qui ont travaillé toute la semaine sont celles qui n’ont pas déclaré de jours (ou demi-journées) non travaillés dans la semaine. Les jours non travaillés de façon habituelle pour temps partiel ne sont pas ici considérés comme des jours non travaillés.
Le travail à domicile est mesuré au cours des quatre semaines se terminant à la fin de la semaine de référence pour les personnes en emploi pendant la semaine de référence. L’information sur le travail à domicile n’est par ailleurs recueillie que pour un sous-échantillon, d’environ un tiers de l’échantillon total. Le travail à domicile peut ne concerner qu’une partie du temps de travail et est plus large que le télétravail au sens du Code du travail.
Pour étudier les conditions d’emploi, une typologie des professions est effectuée. Elle s’appuie sur une liste de professions regroupées, définies par les trois premières positions de la profession, au sens de la nomenclature des professions et des catégories socioprofessionnelles (PCS) de 2003. Les agriculteurs sont agrégés en une unique profession. Seules sont retenues les professions concernant au moins 50 000 personnes, soit 95 % de l’emploi total. La typologie s’appuie sur différentes caractéristiques (le nombre d’heures effectivement travaillées par semaine, le travail à domicile, la part des personnes n’ayant pas travaillé tout ou partie de la semaine, la part des personnes ayant au moins un jour non travaillé pour chômage partiel, la part des personnes ayant au moins un jour non travaillé pour maladie), en niveau et en évolution entre 2019 et 2020. La typologie est effectuée sur les professions, et non sur les personnes. Ainsi, toutes les personnes ayant la même profession principale appartiennent, par construction au même groupe.
Définitions
Emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) : personne ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours de la semaine de référence ou absente de son emploi sous certaines conditions de motif (congés annuels, maladie, maternité, etc.) et/ou de durée. En particulier, les personnes ayant un emploi, mais n’ayant pas travaillé pendant la semaine de référence pour cause de congés, de congés maladie de moins d’un an ou de chômage partiel (quelle que soit la durée) sont considérées comme en emploi.
Pour en savoir plus
Des données complémentaires sont disponibles dans le fichier de données en téléchargement.
Givord P., Silhol J., « Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages », Insee Première n° 1822, octobre 2020.
« Analyse des résultats de l’enquête Emploi - Éclairage sur le marché du travail au 2e trimestre 2020 », Informations Rapides n° 203 (complément), Insee, août 2020.
Albouy V., Legleye S., « Conditions de vie pendant le confinement : des écarts selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle », Insee Focus n° 197, juin 2020.
« Analyse des résultats de l’enquête Emploi - Éclairage sur le marché du travail pendant la période de confinement au premier trimestre 2020 », Informations Rapides n° 119 (complément), Insee, mai 2020.