La France et ses territoires Édition 2021
Cet ouvrage offre un panorama des questions économiques, sociales et environnementales au niveau territorial. En utilisant les zonages d’études actualisés en 2020, l’ouvrage fait le point sur les disparités géographiques en France, sur les forces et faiblesses des divers territoires ainsi que sur les conditions de vie de la population.
Accessibilité aux professionnels de santé
Insee Références
Paru le :29/04/2021
L’indicateur d’accessibilité potentielle localisée permet de mesurer, pour chaque commune, l’accessibilité aux soins de ville. En France hors Mayotte, en 2019, la population a accès en moyenne à 3,9 consultations par an chez le médecin généraliste. L’accessibilité moyenne aux infirmiers s’élève à 152 équivalents temps plein (ETP) pour 100 000 habitants. Pour les masseurs‑kinésithérapeutes, elle correspond à 105 ETP pour 100 000 habitants et pour les sages‑femmes, à 18 ETP pour 100 000 femmes.
Si l’accessibilité aux médecins généralistes a diminué entre 2015 et 2019, elle s’améliore pour les autres professionnels de santé cités, dont le nombre exerçant en libéral progresse plus vite que la population française (sous l’effet notamment d’une augmentation tendancielle des capacités de formation).
Toutefois, ces moyennes masquent des disparités territoriales en matière d’accès aux soins. En Île‑de‑France et dans la plupart des régions limitrophes, l’accessibilité est inférieure à la moyenne pour ces quatre professions de santé. À l’inverse, dans le sud de la France et, dans une moindre mesure, les Hauts‑de‑France, l’accessibilité est globalement supérieure à la moyenne. Dans les départements d’outre‑mer (DOM), l’accessibilité aux médecins est limitée, alors que la densité des autres professions est forte.
En 2019, l’accessibilité moyenne aux médecins généralistes est relativement homogène entre les régions. Il est toutefois plus facile de consulter un médecin généraliste dans le nord‑est et le long du littoral atlantique et méditerranéen, et plus difficile dans le centre et les DOM (à l’exception notable de La Réunion). Des disparités existent également entre les communes d’une même région (figure 1a). En Corse, les 10 % des habitants les moins dotés ont une APL quatre fois inférieure à celle des 10 % des habitants les mieux dotés. Au niveau national, le rapport interdécile pour les médecins généralistes est relativement faible par rapport à celui des autres professions (2,3).
L’accessibilité moyenne aux infirmiers (figure 1b) et aux masseurs‑kinésithérapeutes (figure 1c) est plutôt meilleure dans le sud‑est de la France. Elle s’avère particulièrement élevée dans les DOM (excepté en Guyane pour les masseurs‑kinésithérapeutes), tandis qu’elle est inférieure à la moyenne dans le centre de la métropole (excepté dans les Pays de la Loire pour les sages‑femmes). Pour les infirmiers, les disparités sont plus marquées entre régions qu’au sein d’une même région. Ces dernières sont néanmoins importantes en Guyane, une des régions les mieux dotées. Les disparités d’accessibilité entre les communes d’une même région sont plus fortes en ce qui concerne les masseurs‑kinésithérapeutes : outre la Guyane, où les 10 % des habitants les moins bien dotés ont une accessibilité nulle, la Corse et la Nouvelle-Aquitaine se distinguent par un rapport interdécile supérieur à 5. Au niveau national, pour chacune des deux professions, les 10 % des habitants les mieux dotés ont une accessibilité quatre fois supérieure aux 10 % les moins bien dotés.
L’implantation des sages‑femmes (figure 1d) est plus hétérogène sur le territoire. Elle est nettement supérieure à la moyenne dans les DOM et également importante en Occitanie et en Auvergne‑Rhône‑Alpes. En revanche, elle est plus faible que la moyenne en Corse, dans les Hauts‑de‑France, en Centre‑Val de Loire, en Île‑de‑France et en Normandie. Le rapport interdécile est de 3,2 au niveau national. Il est particulièrement important en Bourgogne‑Franche Comté, où les 10 % des habitants les moins bien dotés ont une accessibilité 5 fois inférieure à celle des 10 % les mieux dotés. En Guyane et en Corse, les 10 % des habitants les moins bien dotés ont une accessibilité nulle.
tableauFigure 1a – Accessibilité potentielle localisée par commune et professionnel de santé en 2019
Les données détaillées sont disponibles dans le lien de téléchargement. |
graphiqueFigure 1a – Accessibilité potentielle localisée par commune et professionnel de santé en 2019
Définitions
L’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) est un indicateur d’adéquation territoriale entre l’offre et la demande de soins de ville (hors hôpital). Il permet de mesurer à la fois la proximité et la disponibilité des professionnels de santé. Il est donc plus fin que les indicateurs usuels de densité ou de temps d’accès. Calculé au niveau de la commune, il tient compte de l’offre et de la demande issues des communes environnantes, de façon décroissante avec la distance. Il intègre en outre une estimation du niveau d’activité des professionnels en exercice, sur la base des observations passées, ainsi que des besoins de soins de la population locale, en fonction des consommations de soins moyennes observées par tranche d’âge. L’accessibilité est nulle lorsqu’aucun professionnel n’est accessible dans un rayon de 20 ou 30 minutes en voiture (selon les professions).
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletEn 2018, les territoires sous‑dotés en médecins généralistes concernent près de 6 % de la population », Études et Résultats n° 1144, Drees, février 2020.
« Ouvrir dans un nouvel ongletInfirmiers, masseurs‑kinésithérapeutes et sages‑femmes : l’accessibilité s’améliore malgré des inégalités », Études et Résultats n° 1100, Drees, janvier 2019.