Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Janvier 2022 · n° 96

Un trajet entre domicile et lieu d’études croissant avec l’âge Jeunes en milieu rural

En 2018, environ 2 138 000 jeunes, âgés de 3 à 24 ans, vivent en Auvergne-Rhône-Alpes. Ils représentent 27 % de la population de la région. Parmi eux, 683 000 résident dans une commune rurale, soit près d’un tiers des jeunes de la région (32 %). Cette part est plus faible qu’en France de province (37 %) et également plus faible que celle de l’ensemble de la population régionale vivant dans le rural (35 %). La part des jeunes vivant dans le rural est la plus faible en Île-de-France (5 %) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (14 %), et, à l’inverse, la plus élevée en Bourgogne-Franche-Comté (52 %) et en Bretagne (51 %). Ces dernières régions sont également celles où la population rurale est la plus présente.

À l’ouest d’Auvergne-Rhône-Alpes, où les communes rurales sont les plus présentes, les jeunes vivent plus souvent dans le rural, plus fortement dans le département du Cantal (70 %) ou de la Haute-Loire (68 %) (figure 1). À l’autre extrême, cette proportion est la plus faible dans le Rhône, troisième département le plus urbain de France de province, avec 9 %, derrière les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes (7 % chacun).

Entre 3 et 17 ans, plus d’un jeune sur trois (36 %) réside dans le rural, et cette part évolue peu avec l’âge (figure 2). Sur cette tranche d’âge, les déménagements s’effectuent surtout entre communes de même densité, mais aussi depuis des communes plus denses vers les communes intermédiaires et rurales. Avec la périurbanisation, les familles avec enfants préfèrent s’installer dans les espaces moins denses qui leur offrent une meilleure qualité de vie, et qui leur permettent d’accéder à des logements plus spacieux et moins chers que dans les grandes agglomérations.

En revanche, à 18 ans, les jeunes quittent les communes rurales pour les communes urbaines, qui concentrent les établissements d’enseignement supérieur. 24 % des jeunes résident alors en milieu rural. C’est 12 points de moins qu’à 17 ans (36 %).

Néanmoins, trois quarts des jeunes majeurs qui restent vivre dans l’espace rural sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur. Ils suivent plus fréquemment leur formation dans un cursus de type BTS, DUT ou professionnel dans les lycées et centres de formation par apprentissage, plus présents sur l‘ensemble du territoire (encadré).

Après 18 ans, la part des jeunes résidant dans le rural se stabilise. Ainsi, entre 19 et 24 ans, cette proportion oscille entre 22 % et 24 %.

Les jeunes vivant dans l’espace rural sont plus fréquemment scolarisés hors de leur commune de résidence (53 % des 3-17 ans contre 25 % respectivement). Le jeune peut être scolarisé hors de sa commune de résidence, soit parce qu’il n’a pas d’école ou d’établissement scolaire dans sa commune, soit parce qu’il préfère être scolarisé dans une autre commune (scolarité dans les établissements privés, choix familiaux, souhait de rester dans l’ancien établissement après déménagement, etc.). De plus, les écoles élémentaires, les collèges et les lycées n’ont pas la même répartition sur le territoire. Plus le niveau d'enseignement de l'établissement augmente, plus la zone géographique de provenance des élèves est grande. Ainsi, le pourcentage d’élèves non scolarisés dans leur commune de résidence s’accroît au fil des âges.

En 2018, entre 3 et 10 ans, 28 % des enfants vivant dans le rural sont scolarisés hors de leur commune de résidence, contre 13 % de ceux habitant dans l’espace urbain. La moitié des écoliers vivant dans le rural parcourent plus de 7 km pour se rendre à l’école, avec un temps de trajet qui dépasse 9 minutes. Les distances et temps de trajet médians sont légèrement plus réduits pour les élèves vivant dans l’espace urbain et qui sont scolarisés hors de leur commune, respectivement 6 km et 9 minutes.

Lors du passage au collège, entre 11 et 14 ans, la part d’enfants scolarisés hors de leur commune de résidence explose : 79 % des jeunes ruraux de cette tranche d'âge étudient dans un établissement situé hors de leur commune, contre 33 % des jeunes urbains. Dans le rural, la moitié des jeunes scolarisés hors de leur commune parcourent plus de 9 km pour se rendre au collège (contre 6 km dans l’urbain). Pour la moitié d’entre eux, le temps de trajet dure plus de 11 minutes (contre 9 minutes).

L’entrée au lycée accroît encore la part de jeunes ruraux scolarisés dans une autre commune que leur commune de résidence, augmentant de fait les disparités en termes d’accès au lycée entre rural et urbain.

La quasi-totalité des lycéens vivant dans le rural sont scolarisés hors de leur commune de résidence (95 %), contre plus de la moitié des jeunes urbains (55 %). Les distances à parcourir augmentent fortement, notamment dans le rural : la distance médiane est alors de 17 km pour les premiers, contre 8 km pour les seconds. En conséquence, le trajet des lycéens est également plus long : un temps médian de 20 minutes pour les jeunes vivant dans le rural, contre 12 minutes pour les jeunes qui vivent en zone urbaine.

Les distances et les temps de trajet, pour le collège et le lycée, sont significativement plus élevés pour les jeunes vivant dans les zones rurales autonomes, notamment très peu denses, les plus isolées. Plus de la moitié accèdent ainsi au lycée en 36 minutes, contre 20 minutes dans l'ensemble du rural.