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Janvier 2022 · n° 110En Normandie, les jeunes âgés de 3 à 17 ans vivent plus souvent en milieu rural
Au 1er janvier 2018, la Normandie compte plus de 600 000 jeunes de 3 à 17 ans, soit près d’un cinquième de la population de la région. Il s’agit de la 4e région de France métropolitaine la plus jeune après les Hauts-de-France, les Pays de la Loire, et l’Île-de-France. Ces jeunes sont sensiblement plus nombreux à résider dans l’espace rural. Dans ces territoires ruraux, les jeunes vivent moins fréquemment en famille monoparentale que les jeunes urbains et ils bénéficient de conditions de logements plus favorables. Ils sont également plus fréquemment scolarisés hors de leur commune de résidence que les jeunes urbains.
Plus d’un jeune Normand sur deux vit en milieu rural
En Normandie, plus de la moitié (51,7 %) des 618 160 jeunes de 3 à 17 ans vivent en milieu rural. C’est 10 points de plus qu’à l’échelle de la France hors Île-de-France (figure 1), et légèrement plus que l’ensemble de la population normande (49,3 %). Les situations départementales sont toutefois hétérogènes. Ainsi, les jeunes de 3 à 17 ans de la Manche et de l’Orne sont peu nombreux à vivre en milieu urbain (respectivement 30,3 % et 25,9 % d’entre eux). Pour ces deux départements, la part de cette population qui vit dans des zones hors influence d’un pôle urbain est de respectivement 42,4 % et 52,3 %. En Seine-Maritime, en revanche, ces jeunes sont près des deux tiers (63,8 %) à vivre en milieu urbain. La situation du Calvados est relativement comparable à la moyenne régionale, avec une quasi-parité entre rural et urbain. Enfin, l’Eure se distingue par une proportion importante (26,8 %) de jeunes de 3 à 17 ans vivant en milieu rural sous faible influence d’un pôle, une situation intermédiaire dans la classification des espaces ruraux, plus du double de la proportion constatée pour les autres départements normands (figure 1).
tableauFigure 1 – Part des jeunes âgés de 3 à 17 ans en fonction de leur lieu de vie
Rural | Rural autonome très peu dense | Rural autonome peu dense | Rural sous faible influence d'un pôle | Rural sous forte influence d'un pôle | Urbain | |
---|---|---|---|---|---|---|
Calvados | 48,2 | 0,9 | 14,2 | 12,6 | 20,5 | 51,8 |
Eure | 63,3 | 1,5 | 19,9 | 26,8 | 15,1 | 36,7 |
Manche | 69,7 | 2,2 | 40,2 | 12,5 | 14,8 | 30,3 |
Orne | 74,1 | 13,8 | 38,5 | 11,8 | 10,0 | 25,9 |
Seine-Maritime | 36,2 | 1,1 | 11,1 | 8,8 | 15,1 | 63,8 |
Normandie | 51,7 | 2,3 | 19,8 | 13,9 | 15,8 | 48,3 |
France hors Île-de-France | 41,7 | 2,7 | 13,7 | 12,0 | 13,3 | 58,3 |
- Source : Insee, Recensement de la population 2018, exploitation complémentaire
graphiqueFigure 1 – Part des jeunes âgés de 3 à 17 ans en fonction de leur lieu de vie
Un meilleur confort d’habitation dans le rural normand
Les conditions d’habitat des jeunes Normands de 3 à 17 ans apparaissent sensiblement plus favorables en milieu rural. D’abord ils vivent dans leur quasi-totalité dans une maison (96,1 %). Ils résident aussi très rarement dans un logement suroccupé, à savoir moins de 4 % d’entre eux, cette proportion atteignant 10 % dans le milieu urbain normand.
La composition familiale des foyers apparaît, elle aussi, relativement différente selon le milieu de vie. Ainsi, les familles monoparentales sont plus répandues en milieu urbain et concernent 28,9 % des jeunes Normands de 3 à 17 ans ; cette proportion est deux fois moins fréquente en zone rurale (14,4 %). De plus, dans l’espace rural normand, moins d’un enfant sur trois est scolarisé dans sa commune de résidence (29,3 %) contre deux enfants sur trois en zone urbaine (67,7 %). La proportion de jeunes de 3 à 17 ans vivant au sein d’une famille nombreuse (3 enfants ou plus) est plus élevée en milieu urbain (38,7 %) qu’en milieu rural (33,5 %), et ce malgré des logements en moyenne plus grands au sein de l’espace rural. Enfin, les jeunes Normands vivant en milieu rural bénéficient deux fois moins souvent de la présence au foyer d’un parent sans activité professionnelle (6,8 %) que ceux vivant en ville (12,7 % ; figure 2).
De manière plus générale, ces caractéristiques des conditions de vie sont assez comparables entre la Normandie et l’ensemble de la France hors Île-de-France.
tableauFigure 2 – Caractéristiques des conditions de vie des jeunes Normands de 3 à 17 ans
Espace rural | Espace urbain | |
---|---|---|
Famille monoparentale | 14,4 | 28,9 |
Famille nombreuse | 33,5 | 38,7 |
Foyer dont aucun parent n’est « père/mère au foyer » | 93,2 | 87,3 |
Réside en appartement | 3,6 | 39,4 |
Suroccupation du logement | 3,9 | 10,1 |
Scolarisé hors de sa commune | 70,7 | 32,3 |
- Source : Insee, Recensement de la population 2018, exploitation complémentaire
graphiqueFigure 2 – Caractéristiques des conditions de vie des jeunes Normands de 3 à 17 ans
Définitions
Zonage :
Jusqu’en 2020, l’Insee définissait les territoires ruraux comme l’ensemble des communes n’appartenant pas à une unité urbaine, cette dernière étant caractérisée par le regroupement de plus de 2 000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti, censée caractériser les « villes ». Les territoires ruraux désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité. En 2017, ils réunissent 88 % des communes en France mais seulement 33 % de la population. La définition proposée ici rompt avec la précédente approche centrée sur la ville.
Cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. Il faut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emploi. Quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, des communes rurales très peu denses, hors influence d’un pôle, aux communes rurales sous forte influence d’un pôle. Cette approche permet de définir, statistiquement, un continuum allant des espaces les plus isolés et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés.
Suroccupation du logement :
La suroccupation est mesurée en rapportant la composition du ménage au nombre de pièces du logement. Un logement est suroccupé lorsqu’il lui manque au moins une pièce par rapport à la norme d' « occupation normale », fondée sur :
- une pièce de séjour pour le ménage,
- une pièce pour chaque personne de référence de chaque famille occupant le logement,
- une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans ou plus,
- et pour les célibataires de moins de 19 ans :
- une pièce pour deux enfants s'ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans,
- sinon, une pièce par enfant.
Cette notion de « suroccupation » diffère légèrement de la notion de « surpeuplement » pouvant être utilisée dans d’autres publications de l’Insee, en particulier celles issues de l’enquête nationale Logement. En effet, l’indice de peuplement des logements prend en compte, dans sa caractérisation du surpeuplement, la surface de certaines pièces, information qui n’est pas disponible dans le recensement de la population.
Pour en savoir plus
Brutel C., « Entre ville et campagne, les parcours des enfants qui grandissent en zone rurale », Insee Première n°1888, janvier 2022.
Papon S., « Bilan démographique 2021 – La fécondité se maintient malgré la pandémie de Covid-19 », Insee Première n°1889, janvier 2022.
Horvais A-S., Louza T., Maillard M. « La population collégienne de la Seine-Maritime devrait nettement diminuer à partir de 2023 », Insee Analyses n°97, décembre 2021.
Brendler J., Roger P. « Un Normand sur deux vit dans une commune rurale », Insee Analyses n° 92, avril 2021.
Hurard C., Louza T., Maillard M. « Regard sur les conditions de vie des jeunes de Seine-Maritime », Insee Dossier Normandie n°13, janvier 2019.