Femmes et hommes, l’égalité en question Édition 2022
Cet ouvrage fait le point sur l’égalité entre les femmes et les hommes aujourd’hui en France. Cette édition succède à celle de 2017.
Santé et recours aux soins
Insee Références
Paru le :03/03/2022
Dans les conditions de mortalité et de morbidité de 2019, un garçon né en France cette année-là peut espérer vivre 63,7 ans sans incapacité sur les 79,7 ans de son espérance de vie (figure 1). Cette espérance de vie sans incapacité à la naissance (EVSI) est, comme l’espérance de vie à la naissance, plus élevée pour les filles (64,6 ans sur 85,6 années d’espérance de vie). Les femmes passeraient ainsi en moyenne près d’un quart de leur vie (21,0 ans) avec des incapacités modérées ou sévères et les hommes un cinquième (16,0 ans). Depuis 2003, l’EVSI des hommes progresse assez régulièrement alors qu’elle était relativement stable autour de 60 ans entre 1995 et 2003. Après avoir augmenté jusqu’en 2005, l’EVSI des femmes s’est en revanche stabilisée : elle fluctue légèrement autour de 64 ans depuis. Sur longue période, les disparités femmes‑hommes pour cet indicateur se réduisent donc : en 2004, les femmes pouvaient espérer vivre 2,8 années en bonne santé de plus que les hommes, contre 0,9 année de plus en 2019. En 2019, en France, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est supérieure de 1,2 an pour les femmes et de 0,2 an pour les hommes à la moyenne de l’Union européenne à 27.
tableauFigure 1 - Espérance de vie et espérance de vie sans incapacité (EVSI) à la naissance entre 1995 et 2019
1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Femmes | EVSI à la naissance | 62,4 | 62,5 | 63,1 | 62,8 | 63,3 | 63,2 | 63,3 | 63,7 | 63,9 | 64,3 | 64,6 | 64,3 | 64,4 | 64,4 | 63,4 | 63,5 | 63,4 | 63,8 | 64,3 | 64,2 | 64,6 | 64,1 | 64,9 | 64,5 | 64,6 |
Espérance de vie à la naissance | 81,9 | 82,1 | 82,3 | 82,4 | 82,5 | 82,8 | 82,9 | 83,1 | 83,0 | 83,9 | 83,8 | 84,2 | 84,4 | 84,3 | 84,4 | 84,6 | 85,0 | 84,8 | 85,0 | 85,4 | 85,1 | 85,3 | 85,3 | 85,4 | 85,6 | |
Hommes | EVSI à la naissance | 60,0 | 59,6 | 60,2 | 59,2 | 60,1 | 60,1 | 60,5 | 60,4 | 60,6 | 61,5 | 62,3 | 62,7 | 62,8 | 62,7 | 62,7 | 61,8 | 62,6 | 62,6 | 63,0 | 63,4 | 62,6 | 62,6 | 62,5 | 63,4 | 63,7 |
Espérance de vie à la naissance | 73,9 | 74,1 | 74,6 | 74,8 | 75,0 | 75,3 | 75,5 | 75,8 | 75,9 | 76,7 | 76,7 | 77,1 | 77,4 | 77,6 | 77,7 | 78,0 | 78,4 | 78,5 | 78,7 | 79,2 | 79,0 | 79,3 | 79,4 | 79,5 | 79,7 |
- Note : rupture de série en 2004 pour l'espérance de vie en bonne santé (avant 2004, la série était calculée à partir du panel communautaire des ménages ; depuis 2004, elle est extraite de EU-SILC).
- Lecture : en 2019, l'espérance de vie des femmes à la naissance est de 85,6 ans.
- Champ : France.
- Sources : Insee, estimations de population et statistiques de l'état civil - Eurostat (extraction des données en octobre 2021).
graphiqueFigure 1 - Espérance de vie et espérance de vie sans incapacité (EVSI) à la naissance entre 1995 et 2019
Malgré une espérance de vie sans incapacité supérieure à celle des hommes, les femmes ont en France une perception moins positive de leur état de santé. En moyenne en 2019, parmi les personnes âgées de 16 ans ou plus, 65 % des femmes se considèrent en bonne ou très bonne santé, contre 69 % des hommes. Ces écarts de perception sont en moyenne plus élevés parmi les moins diplômés (titulaires d’un certificat d’études primaires ou non diplômés) que parmi les diplômés du supérieur (10 points contre 2 points) (figure 2). En 2019, pour les pas ou peu diplômés, seules les femmes âgées de 35 à 44 ans se considèrent en meilleure santé que les hommes, avec un écart de 8 points. Pour les pas ou peu diplômés, l’écart entre les sexes est le plus important entre 45 et 64 ans (12 points en faveur des hommes). Ces disparités ont augmenté puisque cet écart n’excédait pas 4 points en 2004, quelle que soit la classe d’âge. Parmi les plus diplômés, l’écart est particulièrement élevé pour les personnes âgées de moins de 25 ans : 91 % des hommes se déclarent en bonne ou très bonne santé, contre 81 % des femmes.
tableauFigure 2 - Part des personnes se déclarant en bonne ou très bonne santé selon le sexe, l'âge et le niveau de diplôme en 2019
16-24 ans | 25-34 ans | 35-44 ans | 45-64 ans | 65-74 ans | 75 ans ou plus | Ensemble | |
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Hommes - Ensemble | 91,5 | 85,9 | 75,4 | 65,2 | 55,3 | 35,8 | 68,6 |
Hommes - Diplômés du supérieur | 90,8 | 88,2 | 80,2 | 77,6 | 59,3 | 49,7 | 78,1 |
Hommes - Sans diplôme ou CEP | 86,9 | 81,4 | 68,6 | 57,6 | 48,6 | 30,8 | 53,6 |
Femmes - Ensemble | 89,1 | 82,0 | 75,7 | 61,7 | 55,5 | 32,7 | 65,0 |
Femmes - Diplômées du supérieur | 80,8 | 87,4 | 77,3 | 71,9 | 63,8 | 45,9 | 75,6 |
Femmes - Sans diplôme ou CEP | 84,7 | 81,1 | 77,1 | 46,0 | 43,7 | 26,6 | 43,1 |
- Note : la question est « Comment est votre état de santé en général : très bon, bon, assez bon, mauvais ou très mauvais ? ».
- Lecture : 91,5 % des hommes âgés de 16 à 24 ans se déclarent en bonne ou très bonne santé en 2019.
- Champ : France métropolitaine, population des individus des ménages, âge au 31 décembre 2019.
- Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2019, calculs Drees.
graphiqueFigure 2 - Part des personnes se déclarant en bonne ou très bonne santé selon le sexe, l'âge et le niveau de diplôme en 2019
Le recours aux soins varie aussi beaucoup selon le sexe. En 2019, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir eu recours dans l’année à un médecin, alors que les écarts sont minimes pour les hospitalisations (figure 3). Ainsi, en 2019, 88 % des femmes ont consulté un médecin généraliste depuis moins d’un an, contre 80 % des hommes ; 60 % des femmes ont consulté un dentiste ou un orthodontiste, contre 54 % des hommes. L’écart entre les femmes et les hommes apparaît le plus fort pour le recours à un médecin spécialiste (53 % des femmes contre 42 % des hommes). Une partie de celui-ci est imputable aux suivis médicaux gynécologiques liés à la contraception, la grossesse ou la ménopause. Au‑delà de 65 ans, les comportements de recours aux soins des hommes se rapprochent de ceux des femmes.
tableauFigure 3 - Recours aux professionnels de santé au moins une fois au cours des 12 derniers mois, en 2019
Médecin généraliste | Médecin spécialiste | Dentiste-orthodontiste | Hospitalisation complète | Hospitalisation de jour | |
---|---|---|---|---|---|
Femmes | 88 | 53 | 60 | 11 | 18 |
16-34 ans | 86 | 48 | 60 | 9 | 18 |
35-64 ans | 87 | 54 | 64 | 9 | 16 |
65 ans ou plus | 94 | 56 | 54 | 17 | 20 |
Hommes | 80 | 42 | 54 | 10 | 18 |
16-34 ans | 72 | 31 | 56 | 5 | 16 |
35-64 ans | 79 | 40 | 54 | 9 | 17 |
65 ans ou plus | 94 | 61 | 52 | 18 | 23 |
- Lecture : en 2019, 88 % des femmes ont vu un médecin généraliste au cours des 12 derniers mois.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : EHIS 2019 (calculs Drees).
Définitions
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité par âge de l’année considérée. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge.
Elle est un cas particulier de l’espérance de vie à l’âge x, c’est‑à‑dire le nombre moyen d’années restant à vivre au‑delà de cet âge x dans les conditions de mortalité par âge de l’année considérée.
L’espérance de vie sans incapacité à la naissance (EVSI) est la durée de vie moyenne en bonne santé, c’est-à-dire sans limitation irréversible d’activité dans la vie quotidienne ni incapacités, d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité et de morbidité de l’année.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletEn 2020, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 12,1 ans pour les femmes et de 10,6 ans pour les hommes », Études et Résultats n° 1213, Drees, octobre 2021.
« Ouvrir dans un nouvel ongletLes espérances de vie sans incapacité : un outil de prospective en santé publique », Informations sociales 2014/3 n° 183, Cnaf, mars 2014.
Ouvrir dans un nouvel ongletIndicateurs EHIS (European Health Interview Survey).