Insee Analyses Hauts-de-France · Novembre 2022 · n° 143

Population des Hauts-de-France : 600 000 personnes en moins à l’horizon 2070

Au 1^er janvier 2070, si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, les Hauts-de-France compteraient 5 406 000 habitants, 600 000 personnes de moins qu’au recensement de 2018, soit une baisse de 10 % de la population. La croissance de la population régionale s’est en effet déjà nettement ralentie, passant de + 0,2 % en moyenne par an entre 2008 et 2013 à + 0,05 % seulement entre 2013 et 2018. Le solde naturel de la région s’essouffle, du fait de la chute des naissances depuis 2014 et de l’augmentation des décès liée au vieillissement des générations du baby-boom. D’ici 2070 et selon un scénario de projections dit « central » (encadré), la population des Hauts-de-France diminuerait de près de 11 500 personnes en moyenne chaque année (– 0,2 % par an) (figure 1) tandis qu’à l’échelle de la France métropolitaine, le nombre d’habitants stagnerait (+ 0,01 %, soit à peine + 9 000 par an).

Les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie enregistreraient les baisses de population les plus soutenues (de – 0,28 % à – 0,29 % chaque année). À l’inverse, dans les Pays de la Loire et en Occitanie, l’évolution poursuivrait sa hausse, à un rythme de + 0,21 % et + 0,25 % par an respectivement. Ainsi, en 2070, les Hauts-de-France occuperaient la 5^e place des régions les plus peuplées, derrière l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie.

À l’exception de l’Île-de-France, toutes les régions de métropole enregistreraient plus de décès que de naissances à l’horizon 2070. Avec l’arrivée à un âge avancé des dernières générations du baby-boom, le nombre des décès deviendrait supérieur à celui des naissances dès 2040 aussi bien dans les Hauts-de-France qu’au niveau national. À cette échéance, en supposant que l’indice conjoncturel de fécondité se maintienne à 1,8 enfant par femme, le nombre de naissances ne comblerait plus la perte d’habitants liée au vieillissement de la population. Du fait de la jeunesse de sa population, la région devrait rester relativement épargnée avec une baisse de son solde naturel plus modérée qu’en France métropolitaine (– 0,03 % par an en moyenne entre 2018 et 2070 contre – 0,11 %) ; le déficit des naissances s’accentuerait cependant au-delà de 2050. La région perdrait ainsi environ 8 000 habitants par an (– 0,17 %) entre 2050 et 2070, uniquement au titre de son solde naturel négatif.

Les Hauts-de-France seraient, de surcroît, la seule région de métropole pour laquelle ce déficit naturel se combinerait à un solde migratoire négatif (– 0,17 %). Tout comme l’Île-de-France, elle a toujours souffert d’un déficit migratoire important. À l’horizon 2070, les départs resteraient plus nombreux que les arrivées.

D’ici 2070, la population des seniors, âgés de 65 ans ou plus, devrait croître de 400 000 personnes environ dans les Hauts-de-France. Cette croissance serait essentiellement portée par l’augmentation du nombre de 75 ans ou plus qui doublerait quasiment sur la période. Le nombre de personnes âgées de 65 à 70 ans reculant quant à lui légèrement. Dans le même temps, le nombre de moins de 65 ans diminuerait d’un million, soit environ 19 000 personnes en moins chaque année. La structure de la population s’en trouverait ainsi considérablement modifiée (figure 2). La part des jeunes de moins de 20 ans passerait de 26 % en 2018 à 21 % en 2070. Elle resterait toutefois, comme en 2018, la plus élevée de métropole, juste derrière l’Île-de-France (23 %). Quant aux 65 ans ou plus, leur poids dans la population régionale progresserait de 9 points sur la période, pour atteindre 27 % en 2070. Les Hauts-de-France resteraient pour autant la région de métropole affichant la plus faible proportion de seniors, après l’Île-de-France (22 %).

Le vieillissement de la population s’expliquerait par une accumulation de plusieurs facteurs. D’une part, l’allongement de l’espérance de vie, passant de 83,1 ans en 2018 à 87,6 ans en 2070 pour les femmes, et de 76,7 ans à 85,3 ans pour les hommes, entraînerait une hausse du nombre de personnes âgées. D’autre part, la baisse du nombre de naissances déjà constatée depuis 2014, au niveau régional comme au niveau national, réduirait la part des plus jeunes. De plus, les personnes qui arriveront à un âge avancé en 2070 font partie des générations plus nombreuses nées au moment où l’indicateur conjoncturel de fécondité était encore relativement élevé (supérieur à 2 enfants par femme avant 2014). Enfin, les départs de la région concernent davantage les jeunes générations qui quittent les Hauts-de-France pour des raisons professionnelles, amplifiant ainsi le processus de vieillissement dans la région. En conséquence, l’âge moyen dans les Hauts-de-France s’établirait à 45 ans en 2070 contre à peine 40 ans en 2018. La région resterait cependant plus jeune que la moyenne de France métropolitaine (48,5 ans en 2070), et même la plus jeune derrière l’Île-de-France.

Au sein de la région, le département de l’Aisne a été le premier à entamer son déclin démographique. L’Aisne a en effet commencé à perdre des habitants dès 2014. Sur la période 2018 - 2070, sa population baisserait de façon plus soutenue que dans les autres départements de la région (figure 3). En effet, avec un taux de croissance annuel moyen de – 0,38 %, soit quasiment le double du niveau régional (– 0,20 %), la baisse du nombre d’habitants dans ce département s’élèverait à 97 000 personnes d’ici 2070, l’équivalent de 1 800 habitants en moins chaque année. Elle serait presque entièrement imputable au solde naturel (– 0,35 % par an), le nombre de départs et d’arrivées s’équilibrant quasiment sur cette période (– 0,03 %)(figure 4). Avec 30,2 % de 65 ans ou plus en 2070, l’Aisne se distinguerait ainsi par la proportion de seniors la plus élevée de la région.

C’est le département du Pas-de-Calais qui concourrait le plus à la baisse de la population dans la région avec une diminution de 223 500 personnes entre 2018 et 2070, soit près de 4 500 habitants chaque année. Le recul dans ce département (– 0,32 % par an) s’expliquerait en grande partie par l’accentuation du déficit naturel (– 0,20 % par an) à partir de 2050 comme pour l’ensemble des départements. Le Pas-de-Calais resterait de loin le deuxième département le plus peuplé de la région même si son poids démographique devrait diminuer pour s’établir à 23 % de la population régionale en 2070, soit un point de moins qu’en 2018.

Le Nord limiterait son déclin démographique avec un taux de croissance annuel moyen de – 0,14 % à l’horizon 2070. Il resterait, de loin, le département le plus peuplé de la région et même le plus peuplé de France. Il perdrait néanmoins près de 3 500 habitants en moyenne chaque année, soit 178 000 habitants d’ici 2070. Ce département très jeune serait le seul de la région, à conserver un solde naturel positif tout au long de la période de projections (+ 0,14 %). En effet, le nombre de naissances resterait amplement supérieur au nombre de décès jusqu’en 2050 (+ 0,2 %) mais fléchirait ensuite pour devenir quasi nul à l’horizon 2070. En contrepartie, le département se distinguerait par un nombre d’habitants plus nombreux à le quitter. Le déficit migratoire serait ainsi deux fois plus élevé que celui de la région (– 0,28 % contre – 0,17 %). Son poids démographique, de 43 % de la population des Hauts-de-France en 2018, devrait encore s’accroître pour atteindre 45 % en 2070.

Avec 114 personnes de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans en 2070, le Nord se classerait en 9^e position des départements de France métropolitaine à l’indice de vieillissement le plus faible (figure 6). Sa plus forte attractivité, auprès des étudiants, peut en partie expliquer ce classement.

La population de l’Oise continuerait d’augmenter légèrement jusqu’en 2030, à un rythme de 400 habitants supplémentaires chaque année (+ 0,05 %). Tout comme le Nord, le département de l’Oise resterait l’un des plus jeunes de France de province et profiterait d’un solde naturel positif. Ce dernier s’essoufflerait cependant et ne suffirait plus, au-delà de 2030, à compenser le déficit migratoire. À partir de 2050, le nombre de décès deviendrait même supérieur à celui des naissances, faisant reculer davantage le nombre d’habitants. Au total, la population de l’Oise reculerait ainsi de 35 800 habitants entre 2018 et 2070, l’équivalent d’environ 690 habitants en moins chaque année (– 0,08 %). Ce moindre déclin démographique renforcerait le poids démographique du département qui passerait de 14 % en 2018 à 15 % en 2070.

À cet horizon, l’Oise compterait 122 seniors de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans. Son indice de vieillissement serait ainsi le 10^e plus faible des départements de France métropolitaine, juste derrière le Nord. Si elle se maintenait, l’attractivité du sud de l’Oise auprès des jeunes actifs franciliens expliquerait en partie le moindre vieillissement.

Dans la Somme, la décroissance démographique serait comparable à celle de la région (– 0,23 % par an en moyenne entre 2018 et 2070 contre – 0,20 %). Le département passerait ainsi de 571 000 habitants en 2018 à 506 000 en 2070, soit une diminution de plus de 1 200 habitants chaque année. Cependant, contrairement au reste de la région, la Somme parviendrait à équilibrer son solde migratoire (+ 0,01 %), notamment grâce à sa zone littorale attractive. La baisse de la population résulterait exclusivement d’un solde naturel largement déficitaire, du fait d’un vieillissement plus prononcé de la population. Le département compterait en effet, en 2070, 155 seniors de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans.