Insee Focus · Novembre 2022 · n° 280

Fréquentation touristique estivale en 2022 : les campings au-dessus de leur niveau d’avant-crise

D’avril à septembre 2022, les hébergements collectifs de tourisme de France enregistrent 322 millions de nuitées. La fréquentation augmente de 2,4 % par rapport à la saison estivale de 2019, soit 7,4 millions de nuitées supplémentaires (figure 1). Le principal moteur de cette hausse est la clientèle résidente, dont les séjours dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) génèrent 5,3 % de nuitées supplémentaires. Après deux années de restriction des déplacements internationaux, les touristes non résidents reviennent progressivement (- 4,2 % de nuitées sur l’ensemble de la période, le niveau d’avant-crise étant néanmoins retrouvé, voire dépassé, à partir de juillet).

Avec 136 millions de nuitées durant l’été 2022, les campings sont le premier mode d’hébergement collectif de la clientèle estivale. Leur fréquentation augmente de 7,5 %, alors que les hôtels et les AHCT retrouvent à peine leur niveau d’avant-crise (respectivement - 0,8 % et - 1,6 %).

Comme avant la pandémie, la demande est plus forte pour les campings haut de gamme, classés 4 ou 5 étoiles : près de 6 nuitées en camping sur 10, alors qu’ils ne représentent que 4 emplacements sur 10 (figure 2). Durant l’été 2022, le nombre de nuitées passées dans cette catégorie de camping augmente de 15 % par rapport à 2019. La hausse est particulièrement élevée pour les nuitées résidentes (+ 20 %).

En 2020, les hôtels de haut de gamme, classés 4 ou 5 étoiles avaient été plus affectés par la crise sanitaire que les autres catégories. Ils bénéficient pendant la saison d’été 2022, comme en 2021, d’une fréquentation en hausse par rapport à 2019. Les touristes y ont passé 5,5 % de nuitées supplémentaires. En particulier, les séjours des touristes résidents ont été plus nombreux dans ces hôtels.

Avec 127 millions de nuitées, le littoral est la destination favorite des vacanciers en période estivale. La fréquentation y augmente de 5,0 %. La hausse la plus marquée a lieu dans les campings littoraux (+ 8,4 %). Les clientèles résidente et non résidente y sont massivement revenues, leurs nuitées dépassant largement les niveaux de 2019 (respectivement + 9,3 % et + 5,7 %).

Dans l’espace urbain francilien, qui représente 46 millions de nuitées durant l’été 2022, la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme retrouve presque son niveau d’avant-crise (- 2,1 %). En Île-de-France, le tourisme est plus sensible à la clientèle non résidente progressivement de retour mais encore en retrait (- 4,7 % sur l’ensemble de l’été). Pendant la saison d’été, la part des nuitées non résidentes est de 54 % en Île-de-France, contre 25 % en moyenne dans les espaces touristiques hors Île-de-France. Dans l’espace urbain hors Île-de-France, l’augmentation de la fréquentation de la clientèle résidente (+ 2,5 %) compense en partie la moindre venue de la clientèle non résidente (- 9,5 %) et permet presque de retrouver le niveau d’avant-crise (- 0,9 %) avec 68 millions de nuitées.

La fréquentation augmente modérément dans les massifs de montagne (+ 1,3 %). La saison y a été bonne pour les campings et les hôtels, mais elle a été plus difficile pour les résidences de tourisme.

La très forte progression dans les DOM (+ 6,9 %) est en grande partie due au regain de la fréquentation des hébergements touristiques en Guadeloupe (figure 3). Celle-ci augmente de 19,5 % par rapport à l’été 2019, qui avait été marqué par de fortes tensions sociales.

Par rapport à 2019, la fréquentation augmente dans la plupart des régions métropolitaines, sauf en Île‑de‑France et dans le Grand Est (respectivement - 2,1 % et - 0,8 %) (figure 4). En Normandie, en Bretagne et en Auvergne-Rhône-Alpes, la fréquentation touristique augmente de plus de 5 % par rapport à 2019. La reprise est soutenue dans les Pays de la Loire (+ 4,8 %). Elle est moins forte dans les régions plus méridionales, comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie. La fréquentation touristique recule dans l’espace urbain d’Occitanie (- 8,1 %), notamment à Lourdes, dont les nuitées hôtelières représentent un quart des nuitées hôtelières de l’espace urbain de la région.

Le nombre de nuitées augmente particulièrement dans les littoraux du nord et normand (respectivement + 8,9 % et + 10,3 %). La fréquentation est portée par une clientèle résidente peut-être en recherche d’une relative fraîcheur quand les épisodes caniculaires se sont multipliés. Sur le littoral breton, l’activité augmente de 7,3 %, soit 1,3 million de nuitées en plus. Le littoral d’Occitanie enregistre 1,5 million de nuitées supplémentaires (+ 7,0 %). En Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Nouvelle-Aquitaine, la hausse de fréquentation des littoraux est plus modérée, respectivement + 4,2 % et + 2,5 % par rapport à 2019.

Les espaces à dominante rurale de Bretagne, des Pays de la Loire et de Normandie bénéficient également d’un fort afflux de clientèle estivale (respectivement + 13,1 %, + 8,8 % et + 8,4 % de nuitées par rapport à 2019).

La clientèle européenne constitue l’essentiel de la fréquentation touristique non résidente (figure 5). Dans les hôtels et campings de France métropolitaine, elle est plus nombreuse qu’avant la crise (+ 1,6 %), avec 71 millions de nuitées durant l’été 2022. Les deux clientèles les plus importantes en nombre de nuitées proviennent des Pays-Bas et d’Allemagne. Durant l’été 2022, elles réalisent chacune plus de 15 millions de nuitées en France métropolitaine, soit respectivement + 6,9 % et + 11,2 % par rapport à la même période en 2019.

Les nuitées de la clientèle britannique sont inférieures de 14,2 % à leur niveau de 2019, dernière année avant la mise en œuvre du Brexit. Il manque ainsi 1,7 million de nuitées comparativement à l’été 2019, dont 1,2 million dans les campings.

Les clientèles chinoise et japonaise sont toujours en retrait : les nuitées dans les hôtels durant l’été 2022 atteignent à peine 17 % de leur niveau d’avant-crise, l’Asie faisant face à une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19 depuis le printemps 2022 en appliquant des restrictions de déplacement.

À partir de juillet, le retour progressif de la clientèle internationale s’accentue (figure 6). Après un début d’été en demi-teinte, en août et septembre, le nombre de nuitées des non-résidents retrouve son niveau d’avant-crise.

Pour la clientèle résidente, la hausse est particulièrement marquée au mois de mai 2022 : + 19,5 % par rapport à mai 2019. La météo a été plus favorable qu’en 2019 et les académies de Paris, Toulouse, Montpellier, Créteil, Versailles et de la Corse étaient encore en vacances de printemps. La fréquentation des campings au mois de mai a, en outre, bénéficié des vacances scolaires à cette période en Allemagne et aux Pays-Bas. Les touristes en provenance de ces deux pays voisins, constituant une importante clientèle dans les campings de France métropolitaine, compensent en partie la baisse des touristes en provenance du Royaume-Uni. L’ensemble des nuitées en mai 2022 est ainsi de 10,9 % au-dessus de son niveau de mai 2019.